Sculpteo, impression de révolution industrielle

Le 19 novembre 2012

La société française Sculpteo, spécialiste des services d’impression 3D, a reçu la semaine dernière un Best of Innovation Awards 2013 au prestigieux Consumer Electronic Show. Entretien express avec son heureux co-fondateur Clément Moreau.

Œuvre d'art imprimée en 3D par Sculpteo, conçue par l'artiste Joshua Harker, photo (CC by nc) Venturebeat

Fondés en septembre 2009 par Eric Carreel et Clément Moreau, Sculpteo propose des services d’impression 3D. La petite entreprise a reçu cette semaine un Best of Innovation Awards 2013, catégorie Software & Mobile app mobile au prestigieux Consumer Electronic Show, raout annuel de l’électronique grand public qui aura lieu dans deux mois à Las Vegas. Il récompense leur 3DPcase, une application qui permet de concevoir des coques d’iPhone personnalisées. Un pied de nez à l’inquiétude sur “le désert français de l’électronique grand public” déplorée dans Le Monde au même moment, relevait Henri Verdier. Toutefois, si story il y a, pour le success complet il faudra attendre 2014 : la société espère être rentable à cette échéance. Et la France n’a pas encore mis le paquet sur cette technique en pleine croissance, contrairement aux Etats-Unis, où Barack Obama a inauguré cet été l’Institut national de l’innovation pour la fabrication additive, National Additive Manufacturing Innovation Institute (NAMII), 70 millions d’investissements dont 30 de l’État.

Retour sur la petite histoire de cette PME avec Clément Moreau, un ingénieur passé par les télécoms, où il développait les logiciels qui font tourner les box Internet ou des téléphones.

L’impression 3D est maintenant un secteur reconnu comme porteur, ce n’était pas aussi évident quand vous vous êtes lancés. Qu’est-ce qui vous a incité à créer Sculpteo  ?

En vérité ? Le fun ! En rencontrant cette technologie dans mon ancienne vie, je me suis dit que c’était tellement fun qu’il fallait vraiment la partager avec plus de gens. Il fallait faire sortir cette petite merveille des labos des grosses sociétés, pour que plus de gens en profitent ! Pas très sage tout ça …

Quelles ont été les principales étapes de votre développement ?

Chiffres-clés

Nombre de salariés : une vingtaine

Rentabilité : prévue pour 2014

Investissement R & D : 1 million d’euros par an.

Nous avons commencé par monter rapidement un site internet très simple, qui permettait juste à l’internaute d’envoyer son fichier 3D, de le visualiser et d’en commander la réalisation. C’est encore un des modes d’utilisation du site sculpteo.com.

Ce site a fonctionné, mais à notre goût il ne remplissait pas complètement la mission que nous nous étions donnée : que la technologie d’impression 3D profite à plus de gens. Pour le grand public, créer son fichier 3D restait trop long et compliqué.

Nous avons alors noué des partenariats avec des fournisseurs de solutions de création simples (Dassault, Autodesk, Tinkercad… ), et nous avons aussi réfléchi au rôle que devaient avoir les designers professionnels.

Pour les autres acteurs de l’impression 3D, la tentation est grande de les faire disparaître au profit d’une communauté d’amateurs, plus ou moins doués et exigeants. Nous pensons au contraire qu’ils ont un rôle fondamental à jouer, et nous avons voulu leur créer des outils pour qu’ils puissent utiliser toute la puissance de l’impression 3D, en proposant par exemple à leurs clients des designs modifiables (des “meta-designs”, pour Jean-Louis Fréchin, fondateur de l’agence NoDesign).

C’est comme ça que nous sommes arrivés aussi dans le développement d’applications mobiles, qui sont des moyens extrêmement simples et efficaces d’interagir avec le design personnalisable.

Parallèlement, nous avons amélioré nos matériaux : plastiques, plâtre coloré, plastiques teintés ou métallisés, résines haute définition (maintenant aussi en finition peinte), plastiques polis, et même des céramiques !

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Les matériaux s’améliorent encore, deviennent de plus en plus nobles. Mais ce qui nous passionne le plus actuellement, c’est de voir que de plus en plus d’acteurs veulent utiliser nos outils et notre technologie pour les intégrer dans leurs business (existant ou naissants), et se mettre à commercialiser rapidement des lignes de produits en impression 3D, ou contenant de l’impression 3D, comme des opérateurs téléphoniques, des spécialistes d’objets de décoration ou de l’ameublement, etc. C’est ça la troisième révolution industrielle !

Pensez-vous qu’il y ait une bulle autour de l’impression 3D ?

Peut-être, mais rien de comparable avec les dotcoms des années 1999-2000. Par ailleurs, le business d’impression 3D est un business d’objets physiques : des objets imprimés, des imprimantes … tout cela a les pieds bien sur terre, peu enclin aux grosses envolées possibles quand des startups se revendaient les unes aux autres des “visiteurs uniques” !

Que pensez-vous de la politique de la France en matière de soutien aux entreprises innovantes du secteur numérique et en particulier celles qui sont censées porter la troisième révolution industrielle ? Quelles mesures le gouvernement devrait-il prendre ?

Les gouvernements successifs nous aident déjà bien à travers les statuts de Jeune Entreprise Innovante et le Crédit Impôt Recherche, qui sont deux dispositifs extraordinairement sains : si vous faites de la recherche, l’État en prend un pourcentage à sa charge. Pourcentage suffisamment élevé pour que ça change vraiment la donne, et suffisamment faible pour éviter les labos dont le seul objectif est de ramasser de la subvention, comme cela peut exister avec d’autres dispositifs.

L’accès aux fonds propres des startups doit être par ailleurs facilité et encouragé. C’est vraiment le nerf de la guerre, et l’une des plus grosses différences avec nos amis américains.


Le crâne en illustration est une Å“uvre d’art imprimée en 3D, conçue par l’artiste Joshua Harker, réalisée avec Sculpteo, photographiée par Venturebeat [CC by nc]modifiée par O. Noor pour Owni

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