La DCRI veut un calin

Le 21 juin 2012

Trois #Anonymous présumés ont été arrêtés par la DCRI. Le service de contre-espionnage français en recherche un quatrième. Son pseudo : Calin... Owni l'a retrouvé. Il affirme que des "sources policières" l'avaient averti, et a décidé de disparaître. Une affaire pleine de #Bisous.

C’est une information RTL signée Georges Brenier. Une partie du groupe de pirates informatiques “Anonymous”1 a été démantelée ce matin.

Mardi 19 juin, RTL révélait que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avait interpellé et placé en garde-à-vue trois hommes âgés de 19, 24 et 43 ans, dans l’Essonne, en Isère et en Haute-Savoie. Ils sont “soupçonnés par le contre-espionnage français d’avoir notamment bloqué en janvier dernier le site du ministère de la Défense et celui du syndicat policier Unité-SGP Police, au nom de la liberté d’expression“.

Le plus âgé, interrogé à Chambéry, n’a pas été conduit au siège de la DCRI, à Levallois-Perret. Contacté par Owni, il a refusé de nous parler, ayant promis à la police de se taire à ce sujet.

Il aurait été confondu suite à la publication d’informations au sujet d’un certain “Calin” sur le site pastebin.com, très souvent utilisé par les Anonymous pour rendre public des données sensibles ou confidentielles. Bien connu des Anonymous francophones, Calin (@CalinSecurity sur Twitter) a participé à plusieurs actions en soutien aux démocrates syriens ou aux étudiants québécois, notamment.

Dans la nuit de mardi à mercredi, Calin avait répondu à Owni qu’il avait eu vent de rumeurs sur l’arrestation d’un Anonymous que la DCRI prenait pour lui. Contacté ce jeudi soir sur l’origine de ces rumeurs, évoquées alors même que le “vrai-faux” Calin était encore en garde à vue, le vrai Calin évoque des “sources policières“ :

Owni : Des Anonymous à la DCRI ?

Calin : Je peux pas en être sûr, mais vu que j’ai eu vent de cette rumeur, et si elle s’avère vraie … on en déduit ce qu’on en déduit.

Plusieurs sources nous ont confirmé avoir discuté sur le Net avec le “vrai” Calin alors que le “faux” était encore interrogé par les policiers… Joint par Owni, Calin confirme ne pas avoir été arrêté, tout en précisant :

J’annonce que ça signifie ma future disparition ; j’avais choisi ce pseudo dans un dictionnaire.

J’arrêterai jamais :) mais “Calin” oui : maintenant je disparais ; adieu.

“C’est un trou ce site !”

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Les deux autres Anonymous présumés ont, eux, été conduits au siège de la DCRI ce mercredi après-midi, après plus de 24 heures de garde à vue. Leur arrestation fait suite à la première série d’interpellations, faites en janvier dernier, au sujet desquelles Owni avait publié plusieurs rapports la semaine passée.

En janvier 2012, suite à la fermeture de MegaUpload, #Anonymous avait en effet lancé de nombreuses attaques DDoS à l’encontre de sites web dans le monde entier, dont plusieurs du gouvernement français, y compris celui de l’Elysée.

Quelques jours plus tard, on apprenait dans la presse l’arrestation de trois membres présumés d’Anonymous. Owni avait rencontré l’un d’entre-eux, Triskel, qui avait nié faire partie d’Anonymous.

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En réaction à ces arrestations, des #Anonymous décident de s’en prendre à des policiers. L’un d’entre-eux avait précisément contacté le webmaster du syndicat Unité SGP Police, en juin 2011, afin de le prévenir de l’existence de nombreuses failles de sécurité sur leur site web. Le syndicat a confirmé à Owni que celui qui, à l’époque, ne s’était pas présenté comme un Anonymous, l’avait effectivement aidé à colmater une ou plusieurs brèches.

Il en avait parlé à d’autres Anonymous qui, se souvenant de l’existence de ces failles -qui n’avaient pas toutes été colmatées- décidèrent d’en profiter. Dans la foulée, les noms, adresses email et numéros de téléphone de 451 policiers liés à Unité SGP Police étaient mis en ligne par Anonymous.

Les deux Anonymous sont également accusés d’avoir profité d’autres failles de sécurité pour accéder aux interfaces d’administration de deux sites du gouvernement français, immigration.gouv.fr et modernisation.gouv.fr, dont la page d’accueil avait été modifiée, fin janvier, pour relayer ce message à l’État français :

La modernisation passe par la compréhension de notre technologie.

Nous serons en paix avec l’État Français lorsque celui-ci se battra aux côtés du peuple, pour la liberté d’expression et contre toutes formes de censures. Aujourd’hui, nous ne pouvons tolérer un gouvernement qui est coupable d’espionnage, de répression et qui maintient les dictateurs au pouvoir, comme il l’a fait en Libye.

Les deux Anonymous ont été libérés ce jeudi midi après avoir été mis en examen pour avoir diffusé la faille découverte sur le site du syndicat policier, avoir contribué à rendre public les données personnelles des 451 policiers, et s’être frauduleusement connectés aux trois sites web.

Il leur est interdit de se parler, mais également de fréquenter les forums de discussion où se retrouvent les “internautes se réclamant de la nébuleuse “Anonymous”“, ainsi que d’entrer en relation avec “l’internaute connu sous le pseudonyme ‘Calin’ ou ‘CalinSecurity’.


Article écrit avec Pierre Alonso, aussi.

  1. présenté comme ayant “joué un rôle dans le téléchargement illégal, certains pays arabes lors du “Printemps” -sic. []

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