OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Achtung ! Google n’est pas content http://owni.fr/2012/11/27/achtung-google-n%e2%80%99est-pas-content/ http://owni.fr/2012/11/27/achtung-google-n%e2%80%99est-pas-content/#comments Tue, 27 Nov 2012 11:49:33 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=126674 Pas facile de se frotter au colosse californien et à sa force de frappe sur Internet. Le Parlement allemand en fait l’expérience pour avoir mis à l’ordre du jour une loi désormais bien connue outre-Rhin sous le sobriquet de “Lex Google”.

Pour contrer le texte, qui vise à faire payer Google pour le référencement d’articles de presse, ce dernier vient de lancer une grande campagne de com’, intitulée “Défends ton Internet”. Un slogan simple, alarmiste et efficace pour défendre les intérêts du géant.

Google se paie la presse

Google se paie la presse

C'est la guerre ! Face au projet de loi de certains éditeurs de presse qui souhaitent faire payer Google dès qu'il ...

Google compte bien en effet s’approprier une partie des critiques opposées à ce projet de loi, jugé contraire au principe même de la navigation sur le web. Et le met en œuvre avec le talent qu’on lui connaît : une vidéo typiquement googlienne où des recherches se succèdent dans le moteur, pointant le plus souvent vers des résultats de grands titres allemands : Der Spiegel ou le Frankfurter Allgemeine Zeitung ; mais aussi une Google map, sur laquelle les internautes allemands peuvent trouver les coordonnées de leur élu pour se plaindre de ce projet de loi, évidemment.

Google propose aussi un formulaire, afin que ces mêmes internautes expriment au géant du web leurs opinions sur la loi, ainsi que leurs critiques. Bref, du lobbying massif qui constitue peut-être un avant-goût de ce qui nous attend en France.

Depuis quelques semaines, certains éditeurs de presse bien de chez nous sont décidés à suivre l’exemple allemand. Une volonté traduite aussi en projet de loi, pour le moment resté lettre morte : le gouvernement a préféré nommer un médiateur dans un premier temps, pour trouver un accord sonnant et trébuchant entre les journaux et Google. Voilà donc un aperçu de ce qui les attend en cas d’échec de la négociation…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Le tournant des pirates allemands http://owni.fr/2012/05/14/le-tournant-des-pirates-allemands/ http://owni.fr/2012/05/14/le-tournant-des-pirates-allemands/#comments Mon, 14 May 2012 15:04:39 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=110059

Quatre élections régionales, quatre succès : le Parti Pirate a réalisé un sans fautes lors de la série d’élections régionales qui s’est déroulées depuis cet automne outre-Rhin. À chaque fois, il est parvenu à faire élire pour la première fois des représentants, de quoi lever de grandes espérances, à seize mois des législatives. La formation est désormais présente dans un quart des parlements régionaux.

Ce dimanche, il a obtenu 7,8% des voix en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé et le plus riche, soit vingt sièges, ce qui en fait leur plus grosse délégation. Le SPD est arrivé largement en tête, infligeant une claque à la CDU, avec 13 points de plus.

Le bal des pirates avait été ouvert en septembre avec leur entrée fracassante au Parlement de Berlin, suivi de celui de Sarre et du Schleswig-Holstein. À chaque fois le score oscillait autour de 8%. Ils se sont permis à deux reprises de dépasser le FDP, partenaire mal en point de la coalition conservatrice emmenée par la chancelière Angela Merkel. Quant à Die Linke, l’extrême-gauche, elle est en déroute. Ils talonnent les Verts, et un sondage – un peu optimiste – les avaient même placés devant eux le mois dernier.

Fondé en 2006, dans la foulée du premier Parti Pirate, né en Suède, cette jeune formation parvient à séduire avec son programme dont le cœur se focalise sur le numérique – légalisation, défense des libertés numériques, open governement -, et qui l’élargit petit à petit pour assoir sa crédibilité, comme en témoigne leur soutien au revenu de base. Ils prônent le retour à une démocratie participative horizontale, la “démocratie liquide”, avec par exemple la mise en place de leur outil LiquidFeedback : il permet de proposer des initiatives, en soutenir ou amender, et celles qui ont retenu le consensus sont ensuite proposées par les élus. Alors que le système politique parait usé et que la répression se renforce contre le téléchargement illégal, le programme fait mouche et se traduit par des bulletins sonnants trébuchants dans les urnes et en nombre d’adhérents, qui sont venus grossir les rangs après chaque victoire.

La fraicheur perdue des Verts

Pirates de tous les pays

Pirates de tous les pays

Objectif : les Partis Pirates au Parlement européen en juin 2014. Ce week-end à Prague, nous avons suivi la conférence du ...

Faire de la “politique autrement”, accent mis sur un thème nouveau, le cocktail rappelle celui des Verts à leur départ, voilà quarante ans. Des Verts qui se sont à leur tour institutionnalisés en participant à des coalitions et ont perdu leur fraicheur initiale. À ce titre, le transfert des Verts vers le Parti Pirate de l’épouse de l’ex porte-parole de WikiLeaks qui a lancé OpenLeaks, la médiatique Anke Domscheit-Berg, ressemble à un symbole.

Et c’est le défi principal qui attend le PP : gagner du poids sans être rattrapé par un système qu’ils ont la prétention de hacker, de rebooter, pour tirer la métaphore informatique. Le succès soudain peut se révéler un cadeau empoisonné, comme l’analysait Pavel Mayer, élu au parlement de Berlin cet automne :

C’est effrayant. Avec ce succès un grand nombre de responsabilités arrivent, et aussi d’attentes, que nous ne pouvons pas satisfaire. Il y a une évolution qui passe par le parti. Beaucoup de personnes l’ont rejoint, et ils doivent y être intégrés. Aussi ces 10 à 11 % que nous avons atteints signifient-ils plus de travail pour chacun de nous. Et c’est ce qui est effrayant.

Rejoindre ou pas une coalition, la question s’est posée plus vite que prévue. Le PP souhaitait échapper à l’habituel clivage droite-gauche. Mais dans la pratique, il faut bien un jour se placer d’un côté. Quand nous avions rencontré des élus berlinois peu après leur victoire, l’heure était à l’apprentissage prudent, dans l’opposition. Alex Morlang avait justifié cette position :

En Allemagne, des partis surgis de nulle part ont explosé, ils ont rejoint une coalition et ils ont perdu. Il est difficile et long d’apprendre comment le système marche, ce n’est pas une option, si nous rejoignons la coalition, nous serons réduits en pièce ou déchiquetés.

Depuis, le champagne a coulé sur leur navire et on a vu le PP proposer son soutien à une probable coalition SPD-Les Verts- au Schleswig-Holstein. Ce geste a été interprété comme un pas en direction de la gauche.

Faut-il se précipiter dans les bras d’une coalition gouvernementale, si l’occasion se présente, rien n’est moins sûr pour Sebastian Nerz, l’ancien président du PP, récemment remplacé :

On ne doit pas reculer devant les responsabilités. Mais nous ne devons pas nous concentrer sur la participation à un gouvernement. Il nous faut apprendre le travail parlementaire et nous devrions être préparé à passer d’abord une première période législative à ça et ensuite envisager une coalition gouvernementale.

Si la situation devait se présenter, par exemple parce que d’autres coalitions ne sont pas possibles ou parce que beaucoup de nos objectifs pourraient être atteints, il ne faudrait pas reculer. Mais cela ne devrait pas figurer en haut de la liste de nos tâches.

En parallèle, le Parti Pirate doit continuer d’élargir son champs de proposition. “Ce n’est pas assez de se concentrer simplement sur nos sujets initiaux, poursuit Sebastien Nerz. Il n’y a rien à gagner à bâtir à la hâte un programme complet mais nous ne devons pas non plus ignorer les sujets hors de notre cœur d’action.”

Nouveau président

Le Parti pirate français sous pression

Le Parti pirate français sous pression

Ce mercredi, le Parti Pirate français a présenté ses candidats aux législatives de juin. Les attentes sont grandes pour ...

Cette entrée dans l’âge adulte est incarné par le profil atypique du nouveau président du PP. Le jeune geek informaticien a cédé la place à Bernd Schlömer après leur congrès d’avril. Ce quadragénaire, qui s’occupe de la formation au ministère de la défense,  catholique pratiquant, père de famille au look old school, est d’abord passé par Transparency international, où il travaillait à la lutte contre la corruption en entreprise. Si on est loin du combat en faveur de la légalisation des échanges de fichiers, il y a un point commun : la volonté de transparence.

Son objectif à moyen terme est la participation à une coalition gouvernementale. Mettre de l’eau dans le vin du parti lui semble naturel. Contrairement aux informaticiens, ou du moins l’image qu’il s’en fait :

Ils pensent binaires. Une chose doit être bonne ou mauvaise. Il est difficile de les amener à un compromis. Pourtant la politique comporte parfois des compromis.

Bernd Schlömer a été élu avec 66% des suffrages… des 1 500 membres présents. Ce qui ne fait jamais que 4% des 25 000 adhérents. Reste à savoir si sa direction représente bien celle de la base.

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Le Parti Pirate allemand étend son pavillon http://owni.fr/2012/05/07/le-parti-pirate-allemand-land-mai/ http://owni.fr/2012/05/07/le-parti-pirate-allemand-land-mai/#comments Mon, 07 May 2012 15:04:34 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=109248

Les supporters du Parti socialiste célébraient également une victoire électorale ce week-end. Le Parti Pirate allemand fêtait un nouveau joli score, qui confirme son enracinement dans le paysage politique outre-Rhin. Aux élections régionales du Schleswig-Holstein, un Land du Nord pauvre et rural, il a obtenu 8,2% des suffrages, lui permettant d’obtenir six sièges. C’est autant que les libéraux du FPD, les alliés en perte de vitesse de la coalition gouvernementale menée par les conservateurs de la CDU. Certes, la formation est encore loin derrière les grands partis, respectivement 31,5% et 29,9 % pour la CDU et le SPD, et 13,3% pour les Verts. Mais l’important réside dans leur progression : le PP fait plus que quadrupler son score du précédent scrutin, 1,8% en 2009. La CDU perd le contrôle du Land, et Die Linke n’a plus de siège.

Le PP accroche ainsi un nouveau trophée à son tableau de chasse qui s’est sérieusement étoffé ces derniers mois : entrée fracassante au parlement régional de Berlin en septembre puis au parlement de Sarre en mars, ce qui lui avait valu une déclaration de reconnaissance de la part de la chancelière Angela Merkel. Selon elle, le Parti Pirate est “un facteur important” de la vie politique allemande.

Le trublion se permet même de proposer ce lundi son soutien à la probable coalition SPD-Les Verts-Südschleswigschem Wählerverband (SSW, le parti de la minorité danoise). Toutefois, il entend éviter d’être “pris dans des projets de loi gouvernementaux.”

Le parti né en Suède en 2006 séduit beaucoup les jeunes avec son programme initialement consacré aux libertés numériques, ce qui lu a valu une étiquette de “parti de geeks”. Toutefois, il continue aussi de profiter de l’usure du système actuel, en prônant la transparence en politique et une démocratie plus horizontale, avec par exemple leur outil participatif LiquidFeeback. Sebastian Nerz, le jeune président du PP allemand, nous a répété les explications qu’il avance aux médias de plus en plus curieux qui les sollicitent :

Beaucoup de gens sont frustrés par la politique en cercle fermée en œuvre depuis plusieurs décennies. Ils veulent participer aux processus politiques. Et ils constatent que les vieux partis sont incapables de résoudre nos problèmes actuels. Nous présentons des idées nouvelles, une politique ouverte et transparente et nous avons le courage de poser des questions qui dérangent.

La bourde du chef de file du PP au Parlement de Berlin, qui a récemment comparé l’ascension fulgurante du PP à celle des Nazis dans les années 30, ne semble pas avoir eu d’impact.

Envol des adhérents

Cette série de succès profite aux effectifs, qui se sont logiquement envolés ces derniers mois, chaque victoire amenant son lot de nouveaux membres, “essentiellement des libéraux” selon Sebastien Nerz. Néanmoins, le sondage qui propulsait le PP sur la troisième marche du podium des partis allemands, devant les Verts et Die Linke, parait un peu optimiste.

Progression des effectifs Parti Pirate allemand

Le regard naguère contempteur des caciques allemands de la politique a évolué. Sebastian Nerz observe non sans plaisir :

Il n’y a pas un an, ils nous méprisaient. Maintenant, ils doivent prendre en compte nos idées et la façon dont nous voyons la politique. Ils doivent adopter certaines de nos idées. J’aime vraiment ça.

Le Parti Pirate allemand entend continuer sa stratégie actuelle qui porte ses fruits : cultiver sa baseline tout en s’attaquant à d’autres thèmes pour séduire un cercle plus large.

Nous allons même élargir un programme encore plus large, mais nous continuerons de montrer que les hommes politiques peuvent travailler dans la transparence, que la participation mène à de meilleurs résultats et -surtout -, que la liberté et les droits civiques ne doivent pas être méprisés.

Le Parti pirate français sous pression

Le Parti pirate français sous pression

Ce mercredi, le Parti Pirate français a présenté ses candidats aux législatives de juin. Les attentes sont grandes pour ...

Dès dimanche prochain, c’est un nouveau test qui attend le PP, avec un morceau de taille : le Land de Rhénanie-du-Nord Westphalie, le plus important d’Allemagne tant par sa taille démographique que par son poids économique.

En dépit de leur courte existence – ils se sont lancés en 2009 -, leurs cousins anglais ont aussi passé un bon week-end électoral : ils ont atteint pour la première fois 5% des voix à l’occasion des élections locales, dans la ville de Manchester, et un autre candidat a reçu 3 % des voix.

Certes ces scores ne leur permettent pas d’obtenir un siège, mais une pression supplémentaire pour le Parti Pirate français en lice aux législatives le mois prochain et qui pour l’heure semble appliquer le principe de transparence à son existence même.


Illustration par Loguy /-)

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Le Parti pirate français sous pression http://owni.fr/2012/04/18/le-parti-pirate-francais-sous-pression/ http://owni.fr/2012/04/18/le-parti-pirate-francais-sous-pression/#comments Wed, 18 Apr 2012 16:14:22 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=106619

Drapeau du Parti Pirate sur les vitres du Lavoir Moderne - (cc) O. Noor/owni

Nous avons 230 adhérents, soit le même nombre que le Parti Pirate allemand en 2009.
Nous ne sommes structurés que depuis 2009.
Le PP suédois a obtenu 0,3% des voix à ses premières élections.

Pirates de tous les pays

Pirates de tous les pays

Objectif : les Partis Pirates au Parlement européen en juin 2014. Ce week-end à Prague, nous avons suivi la conférence du ...

Lors de la présentation de ses candidats aux législatives au Lavoir moderne parisien, à la Goutte d’Or, le Parti Pirate a pris soin d’égrener une poignée de chiffres pour relativiser les critiques sur son manque d’envergure dans le paysage politique français.

Le Parti Pirate (PP) est en effet attendu au tournant, au regard de la montée en puissance de ses homologues européens. Les Suédois ont envoyé deux pirates au Parlement européen, les Allemands vont de bon score en bon score, et serait désormais la troisième force politique du pays, devant les Verts. Beaucoup de pression donc pour ce qui est le premier test électoral national des pirates français. Maxime Rouquet, le co-président, en a convenu :

On est en retard, notre ambition est de rejoindre le score du PP allemand.

42 candidats pirates déclarés

Nos pirates ont aussi pris soin de souligner qu’ils partent désavantagés dans la course. Le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours ne favorise pas les petits partis, contrairement à l’Allemagne, qui a opté pour un système à la proportionnelle. Le FN en sait quelque chose, qui ne dispose d’aucun député. Pour avoir droit à un spot télévisé de 3 minutes, il faut présenter 75 candidats. Un objectif à portée de sabre : 42 candidats pirates se sont déjà déclarés, et une vingtaine est en attente de confirmation.

Autre problème, l’argent. Là encore, il ne fait pas bon être un nain politique. L’État rembourse le coût des “opérations de propagande officielle” uniquement des candidats passant la barre fatidique des 5% au 1er tour. Et il faut présenter au moins 50 candidats et qu’ils réalisent au minimum 1% des voix pour que chacune lui rapporte 1,63 euros par an pendant la durée du mandat.

Conférence de presse du Parti Pirate au Lavoir Moderne - (cc) O. Noor/owni

Or la simple impression des bulletins revient à 3 000 euros environ par circonscription. Qui dit comptes de campagne dit certification, dit expert comptable, dit 300 euros. La situation est claire :

Le Parti Pirate ne peut pas rembourser ses candidats.

“Campagne 00″ : zero cost

Du coup, le PP a opté pour campagne, non pas low cost mais zero cost, baptisée “campagne 00″ :

- zéro euro de dépense de campagne.

- zéro euro de bulletin.

Il vous faudra donc imprimer votre bulletin. Stratégie de moindre frais qui a laissé sceptique une partie du public . Un curieux a d’ailleurs alpagué les membres du parti  :

Mais faites campagne ! N’ayez pas peur de dépenser, et soyez malins, faites par exemple imprimer des tracts par des copains au boulot. Votre stratégie est trop limitante.

Le décollage, c’est maintenant, vous êtes le premier parti post-Internet, foncez !

Une proposition qui trouvera un écho faible. En lieu et place, Maxime Rouquet évoque mollement le hacking de propagande, avec pour exemple leurs cousins allemands  qui nettoient des murs sales pour n’y laisser que le logo du Parti Pirate.

En cours de structuration

Par-delà les histoires d’€, le PP fait face à trois autres difficultés. D’une part, son programme ne couvre que cinq axes, qui ne sont pas au centre des préoccupations des Français en cette période de crise. Vous me direz, en Allemagne aussi, et ça ne les a pas empêché de percer.

Un pirate à l’abordage du PS parisien

Un pirate à l’abordage du PS parisien

Hervé Breuil, figure de la culture du quartier populaire parisien de la Goutte d'Or à Paris, est en guerre contre les ...

Au menu, la légalisation du partage, la lutte contre le fichage, l’indépendance de la justice, la transparence de la vie politique et l’ouverture des données publiques. Interrogés à ce sujet, les pirates ont répondu que les questions socio-économiques étaient en cours de réflexion. Outre le programme officiel, approuvé par les trois quarts des adhérents, il y a des mesures pirato-compatibles, approuvées à la majorité simple. Parmi ces dernières, on trouve le revenu de vie ou bien encore l’allocation universelle. Le PP s’est aussi rapproché du collectif citoyen Roosevelt 2012.

Enfin, le parti est victime d’une double exigence contradictoire. D’un côté, une partie des citoyens aspirent de la “politique autrement”, qui ne soit pas le fait de politiciens à vie, roublards et rouées.

Mais par ailleurs, le PP français est desservi par ses maladresses de débutant dans le grand bal de la politique, comme sa communication peu rodée, et on lui renvoie parfois dans la figure. Tout l’enjeu sera de garder leur fraicheur et leurs convictions tout en affutant leur sabre, de rester des amateurs au sens étymologique du terme, des gens qui aiment. Et pas le pouvoir comme fin en soi tant qu’à faire. Législatives en juin, municipales, territoriales et européennes en 2014, le terrain d’exercice est vaste.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni /-)

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Sarkozy brasse de l’éolien http://owni.fr/2012/04/16/sarkozy-brasse-de-leolien/ http://owni.fr/2012/04/16/sarkozy-brasse-de-leolien/#comments Mon, 16 Apr 2012 16:35:51 +0000 Pierre Leibovici et Grégoire Normand http://owni.fr/?p=106250 OWNI, le président-candidat a confondu le chantier éolien en France et en Europe... Au classement OWNI-i>Télé de la crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy tombe à la dernière place, à égalité avec Marine Le Pen.]]>

A défaut de se croiser, les courbes se sont égalisées dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Avec 44,4% de crédibilité, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ferment la marche de concert, tout près de François Bayrou (44,8%). Jean-Luc Mélenchon fait toujours la course en tête, son taux de crédibilité s’affichant à 62,7%.

Durant ces dernières 72 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 46 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Nicolas Sarkozy ne manque pas d’air

32. C’est le nombre de “propositions pour une France forte” déclinées par Nicolas Sarkozy dans son programme. Parmi elles, une seule est en lien avec la protection de l’environnement : la [poursuite du] développement des énergies renouvelables”. Une situation sur laquelle le président-candidat a été interpellé lors d’une conférence de presse, le 5 avril dernier, par le journaliste de l’agence Reuters, Emmanuel Jarry :

Emmanuel Jarry : – Qu’en est-il du développement d’une énergie verte (…) ? Je n’en vois pas trace dans votre projet actuel (…).
Nicolas Sarkozy : – Vous dites qu’on a bien du mal à affecter le chantier éolien. Ah bon ? Le chantier éolien c’est 12 milliards d’euros.

Dans un article publié le même jour, le journal Le Figaro a compris par ces mots que Nicolas Sarkozy entendait parler de l’investissement éolien en France :

Nicolas Sarkozy a vanté son bilan en matière d’énergies renouvelables. Il a évoqué un “chantier éolien” à 12 milliards d’euros (…).

Comme n’importe qui aurait pu le comprendre. Sauf que le candidat UMP s’est plutôt attribué les investissements annuels du “chantier éolien”… de tous les pays de l’Union européenne.

Le ministère de l’Écologie et du Développement durable indique ainsi que le marché de l’éolien en Europe représente “12 milliards d’euros d’investissement par an, soit 1,2 million d’euros par MW installé”. Depuis, le chiffre a été révisé par l’European wind energy association à 13 milliards d’euros pour l’année 2010.

D’après la même European wind energy association, les capacités de production électrique du parc éolien français représentaient 5 970 mégawatts (MW) en décembre 2010. Si l’on s’en tient donc à l’estimation de “1,2 million d’euros [d’investissement] par MW installé” du ministère de l’Écologie, les investissements de la France dans l’éolien n’auraient de toute façon représenté que 7,164 milliards d’euros depuis la première éolienne – installée en juillet 1991 – jusqu’en 2010.

Très loin des “12 milliards d’euros” que Nicolas Sarkozy n’a eu aucun “mal à affecter” au “chantier éolien” français.

Eva Joly débranche trop vite

L’Allemagne laisse rêveurs la plupart des candidats à l’élection présidentielle. Et Eva Joly n’échappe à la règle. Dans l’émission Des paroles et des actes du mercredi 11 avril dernier, elle a ainsi vanté les mérites de la diminution de la consommation électrique outre-Rhin :

[Les Allemands] ont diminué leur consommation de 6%.

Trop beau pour être vrai. Le démenti provient du groupe de travail AG-Energiebilanzen, qui publie chaque année un tableau de bord sur les différents types de consommation énergétique en Allemagne. D’après sa dernière édition, la consommation brute d’électricité en Allemagne est passée de 610,4 TéraWatts-heure (TWh) en 2010 à 608,5 TWh en 2011. Soit une diminution de 0,3%.

Le modèle allemand n’apparaît donc pas si exemplaire pour sa quantité d’électricité consommée. Il en va autrement pour la nature de l’électricité produite en Allemagne en 2011 et qu’aurait pu évoquer la candidate écologiste. Car, comme le note l’Institut du développement durable et des relations internationales dans une étude parue le 5 mars dernier, le pays a produit davantage d’électricité de sources renouvelables (19,9% du total de l’électricité produite) que d’origine nucléaire (17,6%) en 2011.

François Bayrou reste en voiture

L’automobile sied décidément bien à François Bayrou, qui s’est une fois de plus exprimé à son sujet lors de l’émission Des paroles et des actes du jeudi 12 avril dernier. Habitué aux comparaisons internationales sur la production de véhicules, le candidat du Mouvement Démocrate (MoDem) s’est cette fois-ci replié en France :

90 000 voitures de fonction dans l’Etat.

Correct, si l’on se fie au Conseil de modernisation des politiques publiques. D’après un document d’orientation publié en juin 2010, l’Etat compte 72 000 véhicules auxquels il faut ajouter 17 000 véhicules des opérateurs de l’Etat, c’est-à-dire des établissements publics, des groupements d’intérêt public et des associations, entre autres.

Au total, donc, l’Etat compte 89 000 véhicules, 1,1% de moins que le chiffre évoqué par François Bayrou.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

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Pirates de tous les pays http://owni.fr/2012/04/16/pirates-de-tous-les-pays/ http://owni.fr/2012/04/16/pirates-de-tous-les-pays/#comments Sun, 15 Apr 2012 23:40:48 +0000 Aidan MacGuill http://owni.fr/?p=106116

Rick Falkvinge, fondateur du Parti Pirate, en Suède en 2009

Le soleil de ce week-end sur la capitale tchèque se conjuguait parfaitement à l’ambiance très optimiste qui régnait parmi plus de 200 délégués des différents Partis Pirates venus du monde entier. Représentants 29 pays, ils se retrouvaient à Prague pour la Conférence du Parti Pirate international, autour de dirigeants encouragés par les succès électoraux que le mouvement connaît en ce moment en Allemagne.

Le bon parti Pirate

Le bon parti Pirate

Le Parti Pirate continue sa progression et entre dans la cour des grands. En Allemagne, le parti politique militant pour une ...

De récents sondages indiquent que le Parti Pirate allemand devient la troisième force politique du pays, tandis que les prochaines élections régionales, au mois de mai, devraient renforcer ses implantations locales.

Avec l’Autriche où le Parti Pirate est crédité de 7 % des intentions de vote, un nombre de militants en augmentation aux États-Unis, au Maghreb et en Europe, les Partis Pirates accèdent ici et là à une véritable reconnaissance institutionnelle – comme en attestait par exemple la forte présence de médias allemands.

Pavel Mayer, élu au parlement de Berlin l’an passé, lors de la première grande victoire électorale du Parti Pirate, se montre optimiste mais prudent :

C’est effrayant. Avec ce succès un grand nombre de responsabilités arrivent, et aussi d’attentes, que nous ne pouvons pas satisfaire. Il y a une évolution qui passe par le parti. Beaucoup de personnes l’ont rejoint, et ils doivent y être intégrés. Aussi ces 10 à 11 % que nous avons atteints signifient-ils plus de travail pour chacun de nous. Et c’est ce qui est effrayant.

Dans ce contexte, à Prague, les débats ont principalement porté sur les prochaines échéances électorales. Avec pour objectif les élections au Parlement européen de juin 2014, pour lesquelles, dans chaque pays, les Partis Pirates présenteront des candidats. À ce titre, la principale mesure décidée lors de la conférence a porté sur la création d’un Réseau européen des Partis Pirates, destiné à coordonner les campagnes et à préparer des coopérations entre les futurs députés. Pour Mikulas Ferjencik, délégué tchèque :

Nous devons nous présenter à ces élections sous le même drapeau.

Sur le fond, les thèmes de prédilection du Parti Pirate – la transparence et l’accès aux processus politiques, les libertés numériques et la réforme des droits d’auteur – semblent rencontrer la curiosité d’un électorat à la fois déçu par les partis conventionnels mais inquiets devant des textes autoritaires et des accords commerciaux préparés à huis clos. Selon Rick Falkvinge, l’un des fondateurs du Parti Pirate suédois :

Ce sont des sujets essentiels et ils ont toujours été essentiels. Le problème c’est que les médias généralistes ne comprenaient pas qu’il s’agissait de sujets majeurs pour les générations connectées (…) Le phénomène n’est pas nouveau. C’était la même chose pour les écologistes ou pour les partis travaillistes. Ils n’étaient pas perçus comme légitime jusqu’à ce qu’ils soient élus. Alors, leurs propositions ont pu acquérir une légitimité – tels les dispositifs reposant sur la solidarité pour les salariés, ou le développement durable pour les écologistes.

Présence du Parti Pirate dans le länder de la Sarre (Allemagne)

De ce point de vue, dans son intervention lors de la conférence, l’auteur et théoricien Cory Doctorow a décrit deux convictions qui se répandraient chez les générations numériques. D’une part, que les politiciens ne les représentent pas (Doctorow parle de « nerd fatalism ») ; d’autre part que leur technologie leur permet de contourner un arsenal législatif restreignant les comportements en ligne. À ce titre, le traité ACTA et les débats qu’il a suscités constituent un point de non-retour, selon Doctorow, mobilisant ainsi toute une population pour laquelle le Parti Pirate défendrait le mieux ses convictions. Pour Rick Falkvinge :

ACTA a certainement joué un rôle à l’échelle européenne, mais aussi, de manière plus décisive, à l’échelle nationale. Si vous observez la Pologne (…) ça a donné au Parti Pirate une base solide pour relancer ses opérations.

En Grèce, trois mois après la création du Parti Pirate, 800 membres avaient déjà été recrutés. Et les sondages créditent maintenant le mouvement de 1 % des intentions de vote pour les élections de mai. Pour Yiannas Panagopoulos, délégué grec :

Beaucoup de gens ne nous connaissent pas encore, mais ceux qui nous ont découverts réagissent très positivement. Ils apprécient que nous utilisions la même démocratie directe dans notre propre parti que celle que nous tenterons de mettre en œuvre au gouvernement. Par opposition aux partis conventionnels, nous offrons la transparence et l’accessibilité.

Cette accessibilité aux processus de décisions politiques, sorte de culture de l’open source appliquée à la gestion des affaires publiques, est un principe fondateur affirmé pour les Espagnols du Parti Pirate catalan (région de Barcelone). Selon Kenneth Peiruza, l’un de ses 762 représentants :

Nous défendons l’accès libre au savoir, à la culture et à l’information. Nous estimons qu’il s’agit d’un minimum de base pour une démocratie en bonne santé (…) Nos membres ont 33 ans en moyenne, généralement ils ont fait des études universitaires. À 70 % ce sont des hommes, comme dans n’importe quel autre parti. Nous sommes majoritairement des enseignants, des professionnels de santé, des artistes et des scientifiques.

Un Acta de guerre

Un Acta de guerre

Samedi dernier, un peu partout en Europe, des dizaines de manifestations se sont déroulées contre l'Acta ; un texte qui ...

Un autre membre de la délégation catalane, Muriel Rovira Esteva, note que les médias généralistes leur proposent maintenant de participer à des émissions grand public après les avoir superbement ignorés lors des trois dernières élections de l’an passé.

Ailleurs, en particulier en France et en Grande-Bretagne, la bipolarisation de la vie politique empêche des petits partis d’émerger véritablement lors des élections nationales.

D’où leur intérêt, dans de tels cas, à miser sur les élections européennes. Pour Ed Geraghty, représentant du Parti Pirate britannique et membre du bureau du Parti Pirate international :

Nous faisons ce que de nombreux autres partis ne font plus – frapper à la porte et discuter avec les gens. Nous tentons surtout de les impliquer dans le processus de vote.

Au-delà de ces enjeux électoraux, la conférence a souligné la portée des débats initialement engagés autour du droit d’auteur et des systèmes de surveillance et de contrôle qui lui sont actuellement associé. Pour Cory Doctorow :

Une fois que vous espionnez les loisirs choisis par une population, vous espionnez l’usage qu’elle fait de ses réseaux, ce qui signifie donc que vous espionnez tout.

D’autres interventions ont permis de dépasser le cadre numérique, étroitement technologique, d’une partie des commentaires et des discussions sur ACTA. Une problématique que Julia Schramm, déléguée allemande, résume en une phrase :

Le Parti Pirate n’agit pas pour Internet ; mais pour la liberté.

De grandes intentions donc. Qui n’empêchent pas les réflexions dignes des professionnels de la politique. Tel Rick Falkvinge, précisant que le plus dur n’est pas de se faire élire, mais d’être réélu.

Retrouvez ici-même tous nos reportages sur les différents Partis Pirates.


Image par Loguy

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Hollande ne passe pas la cinquième http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/ http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/#comments Wed, 04 Apr 2012 18:16:23 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=104933 OWNI-I>Télé le candidat socialiste reste à la troisième place, devancé par Eva Joly à 57,7 % et Jean-Luc Mélenchon (62,1 %).]]>

Les positions bougent sur les lignes du milieu dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à l’élection présidentielle. François Bayrou continue sa descente avec son discours à Perpignan, évalué à 44 % de crédibilité. Il rejoint sous la barre des 50 % Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen . Jean-Luc Mélenchon tient toujours tête avec 61,2 % de crédibilité.

Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 40 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

François Hollande revisite la Vème République

L’adverbe “jamais” dans une citation de candidat alerte toujours l’équipe des vérificateurs. Souvent synonyme d’exagération : “La croissante n’a jamais été aussi faible”, “nous n’avons jamais autant produit de notre histoire”, sa présence augmente donc la probabilité de tomber sur une citation incorrecte. Le 27 mars dernier, François Hollande ne fit pas partie des quelques exceptions à la règle. Lors de son discours à Boulogne-sur-mer, le candidat socialiste déclarait ainsi, un brin dramatique :

Ce qui s’est passé depuis cinq ans en matière d’emploi et de chômage est le record, hélas, de la Vème République : jamais il n’y a eu autant d’emplois détruits.

Notre vérification a bien failli tourner court à cause de ce curieux référentiel de temps – la Vème République. Car si l’Insee publie effectivement une série longue sur le nombre d’emplois (salariés et non salariés) en France, celle-ci ne commence qu’en 1989, soit 31 ans après le début de la Vème République.

Cependant, ces données permettent d’ores et déjà d’invalider les propos de François Hollande : entre 2007 et 2010 (dernières données disponibles), le nombre d’emplois est passé de 26,4854 millions à 26,2416 soit 243,8 milliers d’emplois “détruits”. Sur une tranche temporelle équivalente – 1990 et 1993 -, le nombre d’emplois est passé de 23,2574 millions à 22,7587. La perte d’emplois est deux fois supérieure à celle connue entre 2007 et 2010, avec la “destruction” de 498,7 milliers d’emplois.

Nicolas Sarkozy multiplie les prestations

L’argument est vieux comme le monde, du côté droit de l’échiquier politique : les aides sociales que la France octroie aux immigrés créent un appel d’air incessant pour une nouvelle immigration.
Nicolas Sarkozy l’évoquait dans son discours à Nancy, lundi 2 avril :

Une immigration qui vienne en France [...] parce qu’elle est tentée par les prestations sociales les plus généreuses du monde.

Or, selon l’institut de statistiques européen Eurostat, la France est tout juste dans le top 10 des pays les plus généreux en termes de prestations sociales. Avec 7 947 euros par an et par habitant en 2009 (dernières données disponibles), la France se retrouve derrière la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, l’Autriche et l’Allemagne. Rien que dans l’Union européenne – alors que Nicolas Sarkozy évoque “les prestations (…) les plus généreuses du monde” -, l’affirmation du Président-candidat est incorrecte.

Le fantasme de l’Allemagne atteint François Bayrou

Après Nicolas Sarkozy, c’est au tour de François Bayrou d’idéaliser l’Allemagne. Il évoquait, dans son discours de Besançon le 27 mars dernier :

Dans un très grand nombre de régions allemandes, il n’y a plus de chômage.

A partir d’un taux de chômage à 3 %, une situation est généralement considérée comme pouvant être décrite “de plein emploi”.

Selon un rapport Eurostat (EN) “Unemployment in the EU27 in 2010″ de novembre 2011, décrivant la situation de l’emploi dans l’Europe élargie avec une granularité au niveau des régions, il n’existe pas une seule région en Allemagne qui atteigne ce niveau : la “meilleure”, l’Oberbayern, faisant état de 3,6 %. Toutes les autres régions ont un taux compris entre 3,6 et 13,2 % (région de Berlin). François Bayrou est donc largement incorrect en évoquant “un très grand nombre de régions allemandes” qui connaîtrait le plein-emploi.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

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Le bon parti Pirate http://owni.fr/2012/03/30/le-bon-parti-pirate/ http://owni.fr/2012/03/30/le-bon-parti-pirate/#comments Fri, 30 Mar 2012 11:01:10 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=103861

Le Parti Pirate est “un facteur important” de la vie politique allemande. Cette déclaration ne vient pas d’un porte-parole de cette jeune formation politique née en Suède et qui a essaimé dans plusieurs pays. Mais de la chancelière Angela Merkel.

Elle réagissait à l’entrée dimanche dernier du Parti Pirate (PP) au Parlement de la Sarre, un petit État régional frontalier de la Lorraine. Les pirates affichent un score de 7,4%, ce qui en fait la quatrième force politique dans ce Land, devançant les Verts et les Libéraux du FPD, qui font partie de la coalition gouvernementale. Avec un piteux 1,2% ils sont même privés de sièges en Sarre.

A contrario, nos pirates partaient de… rien.

Berlin prend le parti des pirates

Berlin prend le parti des pirates

Contre les surveillances électroniques. Pour les libertés numériques. Pour la libre circulation des savoirs... Les Partis ...

Un coup d’éclat qui conforte celui de septembre dans la ville-État de Berlin : 9% des voix, 15 sièges sur 149. Mais ce nouveau beau score a  davantage surpris certains. La victoire du PP de cet automne “n’est pas si étonnante vue de Berlin, analysait OWNI. “Son programme est fondé sur des idéaux de libertés, de partage des connaissances et de démocratie participative chers à une partie importante de l’électorat local. Pour une ville peuplée de jeunes créatifs cosmopolites, dont une kyrielle d’artistes digitaux, graphistes et vidéastes en tous genres, ces idées ont rencontré les attentes d’une génération.”

On the road, IRL

Mais la Sarre n’a pas le même profil, c’est un tout petit État industriel : “Je croyais que les Pirates étaient un phénomène de grandes villes. Je suis un peu étonné de leur score en Sarre”, a expliqué à l’AFP le politologue de l’Université libre de Berlin, Nils Diederich. Des idées reçues qui indiffèrent les pirates qu’OWNI a contactés. À commencer par les gagnants :

Nous avons décidé de rencontrer les gens “offline” dans les zones provinciales de la Sarre. Nous avons présenté nos événements de la “tournée des pirates” dans les régions provinciales. Nous pensons que de nombreuses personnes comprennent notre message politique. Nous ne sommes plus le parti d’une seule bataille.

Si le cœur de cible, lié à ses origines, est celui des des “geeks”, son audience semble bien aller au-delà. Gefion Thürmer, membre du bureau national, renchérit :

Le PP est peut-être vu comme une formation urbaine par des observateurs superficiels, mais ce n’est certainement pas le cas. Nos centres d’intérêt, les droits fondamentaux, la participation citoyenne ou la transparence de l’État, sont aussi importants dans les zones urbaines que rurales. Ils touchent les gens dans toutes les couches de la société.

Le père du PP “impressionné”

Le Suédois Rick Falkvinge, qui a lancé le PP en 2005 avant de se mettre en retrait, analyse à l’aune de l’expérience dans son pays :

Je ne pense pas que ce soit si urbain, comme c’est un changement progressif et global qui met l’accent sur les citoyens en tant que force positive dans la société, d’une façon que les partis traditionnels ont délaissée. Après la victoire du PP suédois aux élections européennes, les analystes politiques étaient dans l’embarras car aucun des clivages traditionnels ne s’appliquaient. Seuls deux phénomènes revenaient : les jeunes nous soutenaient beaucoup et nous avions des places fortes dans les universités, en particulier les universités de technologie. Ce qui signifie que nous avions beaucoup d’activistes dans les villes avec des universités et notre organisation était moins forte dans des zones industrielles.

Surpris n’est peut-être pas le mot juste mais je dois reconnaitre que je suis impressionné par la capacité opérative et politique du PP allemand, comment ils apprennent et s’adaptent vite.”

Le Parti Pirate fait chavirer Berlin

Le Parti Pirate fait chavirer Berlin

Le Parti Pirate allemand a fait parler de lui en obtenant 15 sièges au Parlement de Berlin. Il revendique une stratégie ...

Selon lui, Berlin, de par sa nature de ville progressiste, a constitué un terreau fertile dans leur essor. Sans compter l’impact symbolique d’une victoire dans la capitale.

“Ils ont pu étendre leurs propositions à d’autres sujets de société, poursuit Maxime Rouquet, le co-président du Parti Pirate français. Par exemple ils ont proposé la gratuité des transports à Berlin. C’est un des différents avenirs possibles pour les PP.”

En revanche, derrière l’hommage d’Angela Merkel, on sent poindre du mépris du côté des partis traditionnels. Ainsi le secrétaire général de la CDU Hermann Gröhe a rejeté le PP dans les limbes des partis protestataires, une façon de dire qu’il ne saurait être un parti de gouvernement sérieux :

Les jeunes hommes qui votent pour la première fois émettent de forts messages protestataires (…) Comment répondre à ces appels à plus de transparence et de participation en politique ?

Plus de 10 000 nouveaux adhérents

L’objectif est maintenant de conforter ces débuts fracassants – un record depuis la fondation de la République fédérale allemande, note Der Spiegel. Les tests électoraux vont vite venir et le PP se montre confiant, à l’image des sondages : si la Sarre s’est senti concerné par le programme du PP, le Schleswig-Holstein et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie devrait en faire autant, conclut Gefion Thürmer. Elle brandit des chiffres flatteurs :

Depuis les premiers sondages à Berlin qui nous donnaient presque 5% et grâce à notre entrée dans  les deux parlements, nous avons gagné plus de 10 000 nouveaux adhérents. Ils ont besoin d’être intégrés, nous avons deux élections régionales encore cette année et il faut préparer le scrutin national de 2013. Nous sommes persuadés que nous pouvons remporter quelques sièges au Bundestag.

Si le cas se présente, quelle coalition rejoindre ? La question n’est pas encore tranchée : “nos membres devront le décider, détaille Gefion Thürmer. Bien sûr, nous voulons faire avancer nos positions politiques et si, à long terme, c’est mieux de passer par une coalition, c’est quelque chose que nous envisagerons.”

Rick Falkvinge est confiant dans sa progéniture, au point de considérer l’entrée au Bundestag comme acquise :

Je suis persuadé que le PP allemand continuera d’avoir du succès à court terme. Une fois au Bundestag, il y aura d’autres défis. Mais à voir comment ils influent le jeu politique avec une honnêteté brute de décoffrage envers les gens qui les ont élus, mon sentiment est qu’ils vont continuer de grossir dans les décennies suivantes et rester une locomotive pour les autres PP.

Aux élections à venir en mai, le PP est crédité de 5% des intentions de vote au Schleswig-Holstein et de 6% en Rhénanie du Nord-Westphalie, en mai.

Rick Falkvinge, fondateur du Parti Pirate, en Suède en 2009

Si le développement de cette force politique nouvelle rappelle l’émergence des partis “Verts”, il s’agit d’éviter de suivre leur exemple en s’engluant dans des accords de coalition. Gefion Thürmer estime qu’ils sauront éviter cet écueil. Question de bons réflexes et d’époque aussi :

Les Verts ont vieilli et au lieu de garder en tête ce qui faisait leur spécificité, ils se sont institutionnalisés et ont adopté le comportement des autres, ils n’osent plus suivre de nouvelles idées ou élaborer des concepts inédits.

Le système du PP, fondé sur une démocratie qui vient d’en bas et où toutes les décisions sont prises par les membres, ne court pas autant le risque que cela arrive, il y a tant de gens qui apportent de nouvelles idées.

L’exemple allemand

Avec la Suède, l’Allemagne est le seul pays où les pirates ont pris un tel essor politique. Gefion Thürmer estime que le contexte allemand n’est qu’un des aspects qui a contribué à leur succès :

Les Allemands ont certainement attendu un parti qui ne les déçoive pas et essaye vraiment de servir le peuple. Ils sont habitués à  des hommes politiques qui n’écoutent pas leurs besoins ou ne comprennent pas la façon dont la société fonctionne aujourd’hui, avec les nouveaux développements de la société de l’information. Le PP est différent : il part d’une génération qui embrasse ces changements au lieu de les rejeter et essaye d’adapter dans la mesure du possible pour rendre la politique davantage ouverte vers les gens au lieu de décider d’en haut ce qui est le mieux pour eux. Les gens veulent être responsables de leur vie et de leur société et le PP veut mettre tout le monde en capacité de le faire. Vraiment.

Et un des outils de ce qu’ils ont appelé la “démocratie liquide”, c’est LiquidFeedback, une plate-forme pour faire des propositions, les amender, les voter.

Le PP français, qui présentera des candidats aux législatives en juin, commence à suivre l’exemple allemand, même si notre système électoral est moins favorable aux petites formations. Maxime Rouquet détaille leur programme :

C’est une source d’inspiration pour nous. Cette année, nous mettrons en avant cinq thèmes, le libre accès à la culture, l’indépendance de la justice, l’ouverture des données publiques, la défense de la vie privée et la transparence de la vie politique. On commence aussi à prendre positon sur l’écologie. Nous pouvons nous appuyer sur les PP qui sont le plus en avant sur tel thème, comme nous communiquons beaucoup. Avant de faire une proposition, nous voulons bien étudier le dossier.

Histoire de ne pas prendre une petite claque perfide du type de celle du politologue Nils Diederich, rapportée par l’AFP :

Je n’exclus pas qu’ils passent le seuil des 5% pour entrer au Bundestag, mais il leur faudra ajouter un peu plus de substance politique.


Photographie de l’assemblée et graphique via le Parti Pirate de Sarre (CC-BY)
Portrait de Rick Falkvinge par Robin I Rönnlund (CC-by)

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Sarkozy trébuche en allemand http://owni.fr/2012/01/30/sarkozy-tva-allemagne-presidentiell/ http://owni.fr/2012/01/30/sarkozy-tva-allemagne-presidentiell/#comments Mon, 30 Jan 2012 01:28:49 +0000 Marie Coussin, Sylvain Lapoix et Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=96361

L’Allemagne prise pour exemple par Nicolas Sarkozy lors de son interview d’hier n’existe pas vraiment. Si quelques uns des chiffres cités par le chef de l’État pour vanter le miracle allemand s’avèrent exacts, la plupart des références utilisées sur les volets sociaux et économiques de sa démonstration sont erronées ou dissimulent une autre réalité que celle présentée par le Président. Notamment pour convaincre sur l’augmentation de la TVA, une initiative inspirée par Berlin.

La défense des emplois industriels, au premier rang des priorités économiques annoncées par Nicolas Sarkozy, s’appuie grandement – à l’entendre – sur les enseignements fournis par l’économie d’outre-Rhin. Selon lui, l’Allemagne est :

Le seul pays d’Europe qui, non seulement a gardé ses emplois industriels mais les a développés.

Baisse continue

Centralisé par l’agence statistique européenne Eurostat, l’indice de la main d’oeuvre dans l’industrie (hors construction, assainissement, gestion des déchets et dépollution) montre au contraire une Allemagne qui se désindustrialise presque aussi vite que la France. Entre 2002 et 2010, à l’exception des années 2007 et 2008, la baisse est continue et même plus forte en Allemagne en 2009 (-2,8%) et en 2010 (-2,4%).

Une tendance partagée par l’ensemble des pays européens, même ceux ayant connu une embellie d’avant-crise, comme la Pologne. Dans son entretien, Nicolas Sarkozy déclare en outre que, malgré la hausse de trois points de la TVA :

Les Allemands n’ont eu aucune augmentation des prix. Le risque d’inflation n’existe pas.

Les données européennes montrent sur ce point des tendances contraires. Base des comparaisons entre pays, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmente continuellement sur les cinq dernières années : avec pour base 100 l’année 2005, il passe ainsi en 2008 à 107 points pour atteindre 111 en 2011, soit 3,7% d’augmentation depuis le début de la crise.

Sur certains volets, cependant, le Président de la République pointe de justes références. Avec 450 000 jeunes en apprentissage en France et 1,6 million outre-Rhin, l’avance allemande dans ce type de formation est incontestable. En revanche, si le taux qu’il évoque de “moins de 8% de chômage” est juste, il couvre des réalités sociales bien moins enviables, notamment celle du sous emploi.

Depuis 2003, Berlin a en effet mis en place une série de dispositifs de retour à l’emploi par des temps partiels exonérés de charge, les “mini jobs” (loi Hartz I à IV), qui complètent un autre emploi ou petit boulot. Au départ limités à 15 heures par semaine, ces boulots ciblant principalement les jeunes sont plafonnés à 400 euros par mois, avec 25 % de charges salariales forfaitaires mais sans couverture sociale. Malgré la création d’emploi de transition (les “midi jobs” de 400 à 800 euros avec une couverture sociale), les “mini jobs” ont explosé et concerneraient, selon le rapport sur les performances de politiques sociales en Europe des députés Michel Heinrich et Régis Juanico, un travailleur sur quatre.

Le nombre important et croissant de “mini jobbers” conduit à nuancer les chiffres du chômage. Plusieurs études et syndicats soulignent qu’une part significative des “mini jobbers” (surtout les femmes, majoritairement concernées par ces dispositifs) souhaiterait travailler davantage. Or, le mini-job a échoué dans son objectif de permettre une transition vers un midi-job ou un emploi régulier à plein temps. Au contraire, il conduirait à une précarisation croissante de l’emploi, de même qu’à une paupérisation des bénéficiaires dans la mesure où une rémunération de 400 euros est en deçà du salaire de subsistance.

Bien que décriés par les syndicats (et remis en cause par Angela Merkel elle-même lors du congrès du Parti chrétien démorate le 14 novembre 2011), les “mini-jobs” garantissent depuis cinq ans à l’Allemagne un taux de chômage plutôt bas.

Sauf la France

Mais l’Allemagne n’aurait pas eu l’air si bon élève si le Président de la République n’avait pas si lourdement décrit la France en cancre, notamment sur les questions de logement :

Dans tous les pays du monde, quand ils sont en crise, le prix de l’immobilier baisse. Sauf un : la France, où il continue à monter.

Pas besoin de passer en revue le monde entier pour voir que cette exagération dans le propos ne se retrouve pas dans les chiffres. Au niveau européen, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, le Luxembourg et la Finlande ont vu leur indice des prix de l’immobilier augmenter du lendemain de la chute de Lehmann Brothers (quatrième trimestre 2008) au troisième trimestre 2011. En Suède, il est même passé de 125,4 (avec 2005 pour base 100) à 142,5 sur la même période, avec seulement un léger fléchissement fin 2010.

Quand il ne s’essaie pas aux comparaisons, les chiffres du chef de l’Etat sont heureusement justes : aucune erreur sur l’ampleur de la dette (“presque 1700 milliards”) ou la destination des exportations (60 % vers l’Union européenne, troisième fournisseur de l’Allemagne et premier client). Mais bien qu’il ait martelé la suppression de 160 000 emplois publics comme un accomplissement de son quinquennat, Nicolas Sarkozy grossit encore la note à vouloir faire de la France l’Etat le plus dépensier :

Nous sommes le pays d’Europe qui a les dépenses publiques les plus lourdes

Si la France est dans le peloton de tête avec 56,6 % de son PIB en dépenses des administrations publiques, elle est dépassée par deux autres Etats membres : d’une courte tête par le Danemark (58,2 % en 2010) et de dix gros points par l’Irlande (66,8 % pour la même année). Si Dublin a connu un accroissement très sensible de ses dépenses depuis 2009, le Danemark battait déjà la France pour la part de PIB dans le budget de l’Etat l’année précédente.


Ilustrations et photos par Stefan (CC-BYSA) remixée par Ophelia Noor pour Owni.fr
Vérifications réalisées par Sylvain Lapoix, Pierre Leibovici et Marie Coussin. Sources Les dépenses publiques ; L’emploi industriel en Allemagne ; Les prix à la consommation ; Prix du logement (pdf)

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La Grèce achète allemand http://owni.fr/2011/10/28/la-grece-achete-allemand/ http://owni.fr/2011/10/28/la-grece-achete-allemand/#comments Fri, 28 Oct 2011 14:36:54 +0000 Frédéric Therin http://owni.fr/?p=84911 Alors que les ventes d’armes françaises sont en chute libre, enregistrant une baisse de 37% en 2010 pour un montant d’à peine plus de 5 milliards, l’Allemagne exporte les siennes à tout va. Rares sont ceux qui le savent, mais la République fédérale est aujourd’hui le troisième plus important vendeur d’armes au monde derrière les Etats-Unis et la Russie avec une part de marché de 11%.

Ses exportations sur la période comprise entre 2005 et 2009 ont doublé par rapport aux cinq années précédentes, selon une enquête de l’Institut international de recherche pour la paix (Sipri). La réputation des tanks allemands n’est plus à faire. Plus du quart de ses ventes à l’étranger concernent des véhicules blindés. Mais ses sous-marins sont aussi très populaires.

Dessous-de-table

La Grèce a ainsi signé un contrat d’un montant total de 3 milliards d’euros pour fabriquer sous licence quatre submersibles allemands. Cet accord montre d’ailleurs le manque de scrupules des marchands de la mort. Selon le parquet de Munich qui a ouvert une enquête, le groupe basé à Essen, Ferrostaal et la filiale du géant ThyssenKrupp, HDW, aurait versé 83 millions d’euros de dessous-de-table pour remporter cet appel d’offre. Ce cas ne serait pas unique. Athènes avait, en effet, pris l’habitude de dépenser bon an, mal an, 3 à 4 milliards d’euros en achats d’armement.

De 2004 à 2008, près du tiers de ses commandes étaient passées à des entreprises allemandes. Après avoir fermé les yeux pendant des années, la justice grecque a enquêté sur plusieurs affaires impliquant des groupes allemands et elle a vite découvert que des paiements douteux avaient été effectués vers des paradis fiscaux comme Chypre, le Libéria ou l’Autriche.

L’hebdomadaire Spiegel a ainsi révélé qu’un intermédiaire grec aurait reçu 60 millions de dollars à Nevis et dans les îles vierges britanniques pour son travail de “consultant” auprès de Krauss-Maffei Wegmann (KMW) au moment même où la compagnie allemande décrochait à Athènes une commande de 170 tanks pour un montant proche de 1,7 milliard d’euros.

Berlin a aujourd’hui beau jeu de condamner la Grèce et ses dépenses mirobolantes. Mais ses dirigeants politiques se font beaucoup plus discrets quand il s’agit de préciser les noms des entreprises qui ont profité de cette “générosité”. Certaines voix commencent toutefois à s’élever contre ce système pour le moins opaque.

Si le porte-parole social-démocrate pour les questions de défense, Rainer Arnold, estime que la vente d’armes à des membres de l’OTAN n’a “rien de choquant”, il souhaiterait que ces exportations soient davantage contrôlées. La chef de file des Verts, Claudia Roth, voudrait pour sa part que le Parlement ait un droit de regard sur la politique gouvernementale dans ce domaine. Le chef adjoint de Die Linke, Jan van Aken, souhaiterait, lui, interdire purement et simplement les ventes d’armes à l’étranger.


Article initialement publié sur MyEurop sous le titre : “L’Allemagne, un marchand de canons sans scrupules”

Illustrations CC [by-nc-sa] Marion Boucharlat

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